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La reconstruction


Le problème du relogement se pose de manière cruciale pour beaucoup de Troarnais et Burois, lorsque leur logement a été gravement endommagé ou même détruit.
Ils réparent leur habitation du mieux qu’ils le peuvent, le papier goudronné assure une étanchéité provisoire sur les toits, et le carton remplace les vitres aux fenêtres, car l’on manque cruellement de matériaux ; il n’y a ni eau ni électricité, et l’hiver 1944-1945 est l’un des plus froids.
Les services publics s’installent dans la précarité eux aussi : la Poste se trouve dans une maison particulière, 76 rue de Rouen ; la gendarmerie  occupe des locaux l’hospice, vidé de ses pensionnaires qui ne seront de retour que le 17 avril 1947  et l’école y est aussi.
Le déminage est le préalable indispensable à la reconstruction et à la reprise de l’activité économique ; à Troarn et Bures, ce travail de déminage durera plus de deux ans, à partir d’avril 1945. Quatre démineurs français et cinq prisonniers de guerre employés à cette activité trouvèrent la mort au cours de ces opérations. Il en fut de même pour trois civils Troarnais et Burois, victimes des  mines et de munitions abandonnées.

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Vue aérienne de Troarn en 1945 ; les impacts des bombardements sont nettement visibles sur les terres agricoles.

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Démineurs allemands en opération dans un herbage de Troarn, 

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L'église de Troarn après la guerre ; le clocher a disparu et les deux premières travées de la nef détruites.

L’arasement des bâtiments dont la réparation est écartée fournira des matériaux récupérables entassés sur place en attendant une réaffectation future, dans les "maisons d'Etat" notamment. Le reste des gravats est déposé sur le terrain jouxtant au nord la cour du haras, servant d’assise au terrain sur lequel est aménagé de nos jours le parking du Vallon.
La mise en place de baraquements s’impose en attendant la reconstruction définitive, tant pour le logement que pour les activités artisanales et commerciales. Il faudra attendre l’été 1946 pour que les premiers baraquements soient installés, le long de la rue de Rouen, puis sur la place du Marché ; d'autres seront installés rue de Rouen face à l'E.H.P.A.D. ; trois baraquements seront affectés à l'école primaire ; un autre, posé dans la cour du Haras (actuellement place Raphaël Briard)  servira de salle des fêtes ; il sera déplacé plus tard au sud de la place du marché.
Une cité de cinq baraquements abritant quinze familles est implantée hors du périmètre de reconstruction sur le terrain derrière le calvaire.
Les intempéries puis la chaleur disloquent rapidement les toitures ; les parois se détériorent et un bardage en fibro-ciment, est posé vers 1953-54, et d'autres travaux d'entretien seront bientôt nécessaires.

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L'église de Bures 

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Débuts de reconstruction d'une maison.

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La place Paul Quellec ; a gauche, l'ilot B est reconstruit, et les baraquements commerciaux et la salle des fêtes, au premier plan, sont toujours en place.

 
Les débuts de la reconstruction sont ralentis par d’innombrables problèmes. Il faut attendre la remise en ordre de marche de l’Etat pour que la loi du 28 octobre 1946 fixe les droits des sinistrés ; les décrets d’application de la loi se feront attendre.
L’Etat impose aussi, dans les villes sinistrées, l’établissement d’un Plan de Reconstruction et d’Aménagement obligatoire (P.R.A.). A défaut de cette formalité, les crédits à la reconstruction sont supprimés.
C’est un architecte-urbaniste parisien, Henry Chabée, qui est désigné pour Troarn et sa région. Il dépose un rapport, le 20 juillet 1945.
Le projet  doit obtenir l’aval de différentes autorités. En premier lieu, il est soumis au conseil municipal, le 6 mars 1946, puis, toutes les administrations et les grands services publics sont invités à donner leur avis.
Seconde étape du plan d’urbanisme, le remembrement ; cela commence par la création d’une association syndicale de remembrement, qui sera approuvée par le Préfet, le 23 juin 1947 ; les Troarnais s’en désintéressent ! Il y eut quatre observations le jour de l’enquête, puis plus rien.
Les 350 syndicats de sinistrés du Calvados réunis le 28 septembre 1947 déplorent ces lenteurs et demandent des mesures.   Ils seront en grande partie écoutés, et la loi du 16 juin 1948 autorise la constitution de Coopératives de Reconstruction.
Ces coopératives se distinguent des associations syndicales dans la mesure où elles disposent d’un mandat général de leurs adhérents. C’est ainsi que le 14 décembre 1948 les assemblées générales du syndicat de sinistrés de Troarn, d’une part, et du syndicat de sinistrés du canton de Troarn, d’autre part, décident de se transformer en Coopérative de reconstruction du Canton de Troarn
De son côté l’Etat s’engage à reconstruire des maisons standardisées, mais cela ne deviendra réalité à Troarn que bien tardivement. Un arrêté ministériel du 27 janvier 1949  déclare d’utilité publique des travaux de construction directe par l’Etat d’immeubles d’habitation à caractère définitif à Troarn.
Mais pour ce faire, il faut des terrains… N’ayant pu obtenir l’accord de propriétaires fonciers, le ministre permet le recours à la procédure d’expropriation. Le choix se porte sur une zone triangulaire, limitée à l’ouest par le C.D. 37, aujourd’hui rue du Bois, à l’est, par le chemin de la Cavée, aujourd’hui rue du Muguet, et au sud par la ligne de chemin de fer, aujourd’hui rue du Chanoine Longuet. Six maisons jumelées y sont édifiées, destinées à abriter douze familles.
Ce seront les premières maisons reconstruites à Troarn : « les maisons d’Etat ».
Pour les murs on utilise des matériaux provenant de la démolition des immeubles du centre du bourg. Ces immeubles ne seront pas raccordés au tout-à-l’égout car ils sont situés hors du périmètre d’agglomération tel qu’il est défini en 1950. Ce raccordement n’interviendra qu’une dizaine d’années plus tard.


La liste des sinistrés prioritaires est proposée chaque année par le maire, et pour la première fois, le 17 novembre 1947, elle comporte trente-cinq noms.  La liste de 1949 comporte sept noms, celle de 1950 également sept, celle du 23 novembre 1951 dix.. Un arrêté Préfectoral valide, ou non, ces demandes.
A Troarn, les premières maisons individuelles sont en cours d’achèvement en février 1949 En février 1950, onze maisons individuelles sont en cours de construction ou de réparation.
A Bures, en mai 1951, trois maisons sont terminées, quatre sont en chantier. Huit maisons neuves ont été mises à disposition en 1953. Deux autres vont l’être 1954.
La construction par ilots commence sur trois sites en juillet 1949 ; il s’agit de la construction en une seule opération de bâtiments agglomérés au centre du bourg de Troarn.
L’ilot A est entouré par la route de Rouen d’un côté, par la rue de Bavent sur deux autres et par la rue de Cabourg à l’est ; il concerne six propriétaires.
L’ilot B constitue l’aile ouest de la place Paul Quellec. Il concerne également six propriétaires.
L’ilot C est constitué d’un seul bâtiment, mais il est de grande taille : il s’agit de l’hôtel Michard.
La pose de la première pierre donne lieu à une cérémonie officielle, le 31 juillet 1949 en présence de M. Vilatte, secrétaire général de la Préfecture. Cette première pierre a été posée à l’angle Sud-ouest de l’ilot A, dans le bâtiment de ce qui était lors la pharmacie, aujourd’hui un coiffeur ; elle est masquée par l’habillage de la vitrine, mais elle ne comportait pas d’inscription sur sa face visible.
Pour la desserte de ces trois ilots, l’urbaniste, M. Chabée a prévu la réalisation de deux voies nouvelles : la rue Pasteur et la rue de Bavent.
Les travaux prirent fin en 1962 ; dix huit années s'étaient écoulées depuis la guerre...

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Débuts de la construction del'ilot B, à l'ouest de la place Paul Qellec 


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Vue partielle de la cité du calvaire, 



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Les maisons d'Etat, situées dans le triangle formé par la rue du Bois, et la rue du Muguet, dans une zone qui n'était pas encore urbanisée.




La reconstruction 1946 1962