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Les guerres de religion

L'abbaye et les guerres de religion

L’abbaye de Troarn fut attaquée le matin du 14 ou du 15 mai 1562 matin par 40 à 50 hommes venant de Caen. Les protestants pénétrèrent dans l’église et brisèrent les autels, les images, les crucifix, les chaires, les meubles, les vitraux, le jubé sur lequel étaient représentées en or et azur des scènes de la Passion, des statues de la Vierge et de saint Jean. Dans le cellier du prieur ils trouvèrent sous des tonneaux une cache renfermant des reliques : les têtes de saint Jean et de sainte Anastasie qui leur servirent à jouer aux boules. Les reliquaires furent brûlés.

Dans le même temps, des vassaux de l’abbaye, profitant de ce que les assaillants avaient brisé les portes du chartrier et de la trésorerie, brûlèrent les chartes, les registres et les titres d’aveux et de fiefs. Les pilleurs se partagèrent l’or, les pierres précieuses des reliquaires, les vêtements, le linge et les volailles.
Vers le soir 100 à 120 hommes venus de Ranville entreprirent un deuxième pillage des quelques meubles demeurés dans l’église, ils détruisirent des images et les écussons des cheminées, le pupitre, les clôtures des chapelles. Enfin ils n’épargnèrent pas les livres et brûlèrent 60 à 80 grands livres de théologie, manuscrits sur parchemin enluminés d’or et d’azur.
 

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En février 1563, l’armée de Coligny, venant de Dives, logea à l’abbaye et les soudards démolirent le cloître, brisèrent les vitres, enlevèrent les ferrures, le plomb et le cuivre des toitures et emportèrent les cloches.
 
L’abbaye resta plusieurs mois ouverte sans meubles ni portes ni fenêtres et, en dépit du retour des moines, elle ne retrouva jamais sa totale prospérité.

(Extraits de l'ouvrage "l'abbaye Saint-Martin de Troarn" de R.N. Sauvage 1911)